Algues vertes: De quel intégrisme parle-t-on?

Publié le par regales.over-blog.com

 

389169156Selon le Monde.fr, Nicolas Sarkozy a défendu, jeudi 7 juillet, les agriculteurs contre les "intégristes" de l'écologie en affirmant qu'ils n'étaient en rien "coupables" de la prolifération des algues vertes sur les plages bretonnes.

"Opposer agriculture et environnement, ça n'a pas de sens, parce que les agriculteurs sont les premières victimes du non-respect des règles environnementales", a-t-il déclaré lors d'une table ronde.

"Sur cette affaire d'algues vertes, il serait absurde de désigner des coupables, de montrer du doigt les agriculteurs qui font d'énormes progrès en la matière", a-t-il ajouté. "Les agriculteurs ne sont pas coupables de choix économiques qui ont été faits il y a longtemps."

"Il y aura toujours les intégristes qui vont protester et on n'entend qu'eux. Plus c'est excessif, plus on leur donne la parole", a dit le chef de l'Etat.

Le gouvernement a lancé en 2010 un plan de lutte contre les marées vertes à la suite de la mort d'un cheval, intoxiqué par les effluves toxiques, sur une plage bretonne à l'été 2009. Il prévoyait une enveloppe de 134 millions d'euros sur cinq ans pour nettoyer et préserver les zones les plus touchées. Ce fléau environnemental, qui pourrait présenter des risques pour la santé des humains, trouve son origine dans les engrais azotés utilisés pour l'agriculture et qui se transforment en nitrate dans les cours d'eau. Chaque année, il y a 70 000 tonnes d'algues vertes à enlever de nos plages engendrées par 10 millions de tonnes de lisier qui débordent des fosses.

A partir de ces constats, il paraît évident de rappeler que ce phénomène est du à un épandage excessif de lisier des élevages intensifs, symboles d'une agriculture intensive, mortifère et irresponsable.

On accable alors les citoyens soucieux de vérité d'anathèmes disgracieux tel qu'intégriste mais posons nous la question de savoir à qui profite le crime? Quel crime me direz vous?

Un crime contre l'environnement d'abord car les errements d'un système agricole productiviste poussé à l'outrance produit plus de lisier que la terre ne peut en recevoir. Résultat, on croûle sous la merde de porc et nos bambins doivent apprendre à nager en cotoyant ses créatures verdoyantes, symboles de nos délires productivistes. Le souvenir de nos paysages côtiers exempts de cette tapisserie verte d'un mauvais goût ne se conjuguent plus qu'à l'imparfait et nos cours d'eau bretons ne peuvent toujours pas s'affranchir de leur camisole chimique en l'occurence des concentrations de nitrates elevées.4509-une-des-photos-de-la-campagne-de-france-370x0-2

Un crime contre les générations suivantes car quelle planète va-t-on leur laisser à ce rythme effrené de destruction de la biosphère auquel nous participons par nos pratiques irresponsables.

Un crime contre notre santé car ces camps concentrationnaires que représentent ces élevages créent des risques d'antiobiorésitance qui sont des menaces potentielles pour la santé humaine par la complaisance de vétérinaires très prompts à déverser plus d'antibiotiques que nécessaire.

Crime ( ou escroquerie ) enfin contre le contribuable car qui supportera in fine le coût de cette mascarade environnementale?

Les citoyens vont, à travers cette affaire, être mis à contribution pour éponger la facture immense et déplorable des excès de notre système.

L'enveloppe pour nettoyer les plages sera financée par l'argent des français ( on l'a bien compris les 134 millions promis aux collectivités ne poussent pas dans les champs de patates). De plus, les citoyens participent au budget de l'Europe à hauteur de 272 euros par an et par français et nous finançons donc les choix d'une agriculture productiviste faits par nos «(ir) responsables » européens.

On fait donc le choix irrationnel de nettoyer les plages sans avoir le courage politique de s'attaquer aux racines du mal et sans aborder la question qui fâche: à qui cela profite? A l'environnement ( certainement pas ) aux agriculteurs qui sont enfermés dans une spirale d'endettement et qui économiquement ne s'en sortent pas ( certainement pas ), aux consommateurs qui payent dans leur corps et avec leur porte-monnaie la chimie déversée dans leur assiette ( Certainement pas ) . Alors, à Qui cela profite?

On nous sort alors l'argument imparable concernant le problème des algues vertes: la méthanisation ou comment faire croire à l'opinion que nos surplus de lisier créateurs d'algues vont se transformer en énergie propre. (Circulez y a rien à voir, dormez bien les petits!!!).
La encore, cette fausse bonne idée repeinte en vert est une illusion car elle pose à priori un souci technique non résolu. En effet, le lisier est constitué d'eau et donc il faut ajouter du carbone ( du maïs, de la paille) mais la méthanisation ne supprime ni le phosphore ni l'azote donc cela se traduit par un excédent d'azote à la sortie. En fait, l'azote n'a pas disparu, il est solidifié mais se pose alors le devenir de cet azote solidifié. Que peut-on en faire en fin de processus?

algues-ecolosL'autre souci majeur qu'on occulte est que nos agriculteurs vont devoir supporter une partie du coût financier de ces unités de méthanisation par de nouveaux emprunts ( chouette ils étaient déjà asphyxiés par leurs dettes!!), l'autre partie du financement sera assuré par le contribuable et pendant ce temps des amendements « Le Fur » encouragent l'agrandissement des élevages et poussent des producteurs à s'agrandir toujours plus amplifiant le phénomène des algues vertes sur les plages. Cela ne réduira pas non plus les taux de nitrates au robinet de citoyens dépités.

Surtout, on ne remet pas en cause fondamentalement les pratiques agricoles qui je le répète sont socialement inéquitables, environnementalement destructrices et sanitairement irrationnelles. Notre salut n'est pas dans l'espoir d'une solution technologique même « verte » en l'occurence le retraitement des algues pour fabriquer de l'électricité « propre » mais dans la réaffirmation politique d'une agriculture relocalisée, resaisonnalisée, garante de la biodiversité et des ressources en eau, socialement équitable pour vivre de son travail, le choix d'un autre modèle de société en quelque sorte. Le véritable intégrisme n'est certainement pas la poignée (de plus en plus grosse) de citoyens inquièts pour l'avenir de la planète et de leurs enfants mais ce système productiviste, non démocratique qui sournoisement prend le visage d'un totalitarisme bienveillant.

 

Antony

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